Analyse
Rôle de la
musique dans la vie traditionnelle africaine

L'étroite relation entre la
musique, la danse, la parole et finalement la vie sociale rend souvent difficile
l'établissement d'une distinction très stricte entre musique profane et musique sacrée.
Il existe cependant des genres qui appartiennent plus précisément au domaine sacré
(musiques rituelles, musiques d'initiation) que d'autres (berceuses, complaintes), même
si ceux-ci s'y rattachent aussi d'une certaine manière.
Concours de Nouvelles
thème: Rupture
Musique profane
On rencontre ainsi des types de musique,
relativement détachés du sacré et semblables par le genre (chant de travail, musique de
divertissement, berceuses, complaintes) et parfois même une structure musicale (la
rythmique et les tournures mélodiques des chants d'enfants) qui se retrouve un peu
partout dans le monde. Certains de ces musiques sont jouées dans la solitude pour
endormir un enfant, pour exprimer la mélancolie ou tout simplement
pour se divertir. La musique et la danse sont souvent associées au point que l'une ne
peut pas exister sans l'autre, tel ce divertissement des femmes Balari du Congo qui
chantent en s'accompagnant elles-mêmes d'une suite rythmique composée à partir d'un
ensemble de percussions, d'entrechocs et de résonances exclusivement corporels, obtenus
au cours d'une sorte de danse des mains jointes, doigts écartés.
La danse est exécutée en position assise
:dans un mouvement vertical de va-et-vient, les deux mains jointes viennent percuter sur
la tranche supérieure, tantôt contre le menton, tantôt contre le front. Au cours de
cette danse , les doigts s'entrechoquent à chaque percussion contre le genou, le menton
ou le front. Tandis qu'une seule femme chante véritablement, le jeu rythmique est obtenu
au total par la combinaison de la danse des deux mains jointes et de claquements de
langue. Le choc des mains jointes contre le menton provoque le vibrato de la voix. Il est
impossible de citer les multiples occasions au cours desquelles la musique naît de ces
danses embryonnaires que sont les gestes répétés du travailleur ou de ces femmes qui,
par exemple, pilent le mil à plusieurs autour d'un même mortier en faisant danser les
pilons qui percutent les uns après les autres en un rythme organisé.
Les gestes du cultivateur, du piroguier engendrent des rythmes qui, comme les percussions
des pileuses de mil, se métamorphoseront en musique et danse...
Musique sacrée
La musique rituelle représente en Afrique un
domaine élaboré, strictement organisé, un des plus riche de l'ensemble des
manifestations musicales. A la musique rituelle se rattachent les musiques de cour, là
où se développèrent des royaumes (Dahomey, Mossi, Mali, Congo). L'initiation des
garçons ou des filles donne lieu à d'importantes manifestations musicales représentant
souvent les aspects les plus remarquables, les plus élaborés et les plus fidèlement
transmis du répertoire musical de chaque société africaine.
La naissance des jumeaux est accompagnée par des musiques spécifiques. De nombreuses
manifestations musicales et chorégraphiques ont lieu au cours des funérailles. Chez les
Babinga de République Centrafricaine, on jouait une certaine musique avant la chasse à
l'éléphant, et une autre après que l'éléphant ait été tué.
Les sociétés secrètes d'hommes ou de femmes
ont aussi leur musique rituelle. Au Tchad, chez les Toupouri, les jeunes hommes buveurs de
lait de vache destiné en principe à rendre fort et à embellir. Formant une véritable
société provisoire au sein même de la société à laquelle ils appartiennent, les
buveurs de lait mènent
une vie particulière et ont droit à certaines libertés qui leur seraient refusées en
temps normal. Ils se manifestent lors des fêtes villageoises (en chantant et en dansant),
leurs chants, appris et mis au point lors des
veillées sont accompagnés par d'énormes tambours.
Les récoltes, les semailles, la pêche, la chasse donnent souvent lieu à des
manifestations musicales importantes. La musique semble alors jouer un rôle de médiateur
entre les hommes et les dieux ; elle détient le pouvoir d'attirer les premières pluies,
de conjurer le mauvais sort, d'introniser un chef, de transformer les enfants en hommes
adultes.

Musique professionnelle
La plupart des musiques dont il a été
question précédemment étaient le fait de
gens -chasseurs, cultivateurs, initiés, enfants etc- pour qui la musique ne constitue pas
l'activité principale. Il ne
faudrait pas croire pour autant que ces musiques ne nécessitent qu'un apprentissage
sommaire : s'il est vrai que
les enfants apprennent à chanter en écoutant faire les autres, les jeunes hommes en
cours d'initiation se sont
entraînés pendant des mois à apprendre chants et danses ; certains d'entre eux, parmi
les plus doués , peuvent être admis à tenir les rôles de solistes ou d '
instrumentistes.
Dans la société des adultes il en va de
même : n'est pas chanteur principal ou tambourinaire qui veut.
L'appartenance à telle ou telle famille peut être exigée pour jouer certains
instruments sacrés. La société reconnaît les qualités musicales de tel ou tel dont la
voix ou la virtuosité instrumentale sont jugées particulièrement remarquables.
Il existe cependant en Afrique de l'Ouest et dans les régions islamisées d'Afrique
centrale ou orientale de
véritables musiciens professionnels qui ne vivent pratiquement que de leur art. Ces
professionnels, qu'il est convenu d'appeler griots , sont constitués en castes fermées
au sein desquelles se transmet de
génération en génération un savoir très étendu, portant non seulement sur la
musique, sur l'art de jouer de certains instruments et de chanter, mais aussi sur
l'histoire, l'art de flatter, de vanter les mérites des familles et des hommes, d'amuser
et de distraire. Véritables dépositaires de la tradition orale, les griots sont parfois
attachés à la cour d'un monarque, d'un chef ou encore d'un groupement professionnel
(griot de chasseurs, griots de bouchers), parfois indépendants et voyageurs, ils vont de
village en village exercer leur métier de musiciens et de louangeurs. Les instruments de
musique qu'utilisent les griots sont caractéristiques en ce sens qu'ils ne se rencontrent
pas en principe entre les mains de non-griots : harpe-luth « kora » et xylophone
(Guinée, Sénégal,
Mali), vielle monocorde, flûte oblique, hautbois conique, longues trompettes, tambours
d'aisselle (Nigeria, Tchad,
Niger). Il arrive que certains griots soient en même temps forgerons (Touareg). Il arrive
aussi que des aveugles ou infirmes deviennent musiciens professionnels sans pour autant
être considérés véritablement comme des griots.
La musique, comme la langue, la religion,
l'organisation sociale, représente une des bases importantes de toute société
traditionnelle en Afrique. Exceptionnellement isolée de tout contexte religieux et
social, elle s'intègre admirablement aux divers aspects de la vie traditionnelle.
N'importe qui ne joue pas n'importe quelle musique à n'importe quel moment avec n'importe
quel instrument n'importe où.
Il est des musiques qui ne se jouent que tous
les quinze ans, d'autres qui sont associées uniquement à telle cérémonie ou à tel
genre d'activités (récoltes par exemple), d'autres qui ne peuvent être entendues que
part les hommes. Chaque membre de la société traditionnelle apprend à danser, à
chanter les musiques qui lui reviennent selon son sexe, son appartenance à telle ou telle
classe d'âge, sa fonction sociale.
Il est difficile de généraliser tant est vaste et diversifié l'univers traditionnel
africain. C'est ainsi par exemple qu'on rencontre des musiques jouées exclusivement par
des professionnels (Afrique de l'Ouest), d'autres jouées uniquement par des chasseurs
(Malinké)...
Il existe des musiques qu'on joue pour
soi-même, pour appeler le bétail, endormir un enfant, pour s'adresser aux
dieux ou pour séduire amoureusement. Dans l'ensemble, la musique apparaît comme un
langage aux vertus exceptionnellement puissantes dont on ne doit pas user
inconsidérément...
Au regard de l'Afrique, la musique est faite pour être vécue. L'analyse apparaît comme
inutile, voire sacrilège...
Christelle Le Gallo
~ Les Festivals d'été ~

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